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Chronographe PREXA à calendrier complet
Par Bertrand 16/01/2004



Voici ma première revue, en toute modestie.
Elle sera loin d'être aussi exhaustive que les modèles du genre mais bon, il faut bien commencer un jour.
Je vous prie aussi d'excuser la médiocrité de mes photos mais je débute aussi (j'ai mon APN depuis hier !). Tous vos conseils, notamment concernant l'éclairage seront les bien venus.
Ceci dit, parlons un peu de cette montre, c'est quand même pour elle que vous lisez cette revue.

Cette montre est mon premier chronographe vintage à roue à colonne. Je l'ai achetée, il y a 3 ans, à un ancien horloger à la retraite. Il devait s'agir d'une montre jamais réclamée par un client. Néanmoins, elle n'avait pas encore été révisée ce qui m'a permis de l'acquérir à bon prix (800 fr à l'époque).
Je me suis contenté de repolir le verre au Miror et changer le bracelet mais mécaniquement, le mouvement ne fonctionnait pas et le compteur des heures ne revenait pas à zéro. Une bonne révision s'imposait.
A l'époque, j'étais étudiant à Talence, à côté de Bordeaux, où j'ai trouvé un aimable horloger qui a révisé la montre et changé une pièce pour 420 fr.
Au final, on arrive à moins de 1300 fr (le bracelet n'ayant rien d'exceptionnel) pour cette montre que j'aime beaucoup et que je vais maintenant un peu mieux vous décrire.

Cette montre doit dater des années 50. Elle porte la marque Prexa. Je n'ai trouvé que peu d'informations sur cette marque suisse : quelques montres en vente sur Ebay… Il ne s'agit sûrement pas d'une manufacture mais plutôt d'un assembleur qui achetait les différents composants de la montre à des fournisseurs et se contentait de les assembler. Ce type de marque étaient très courant en Suisse et en France au milieu de XXème siècle et la plupart ont disparu dans les années 70 avec l'arrivée du quartz.

Le cadran

Il est en assez bon état avec quelques taches et un léger jaunissement dû à son âge.
Il présente 3 cadrans auxiliaires :
- à 9 heures, la trotteuse continue
- à 3 heures, le compteur de 30 minutes dont les 9 premières minutes sont divisées en secteur de 3 minutes ce qui très courant sur les chronographes de cette époque
- à 6 heures, le compteur de 12 heures
Cette disposition de type tricompax est très classique. Cependant les chronographes possédant un compteur des heures n'étaient pas très fréquents à l'époque.

A l'extérieur du cadran se trouve une échelle tachymétrique ou productimétrique (nombre de pièces produites à l'heure) peinte sur un cercle argenté et enfin en rouge les 31 jours du mois.

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Au centre, il faut noter la présence de 2 guichets rendant visibles 2 disques blancs : à gauche le jour de la semaine et à droite le mois.

Cette pléthore d'informations sur une si petite surface rende la lecture de l'heure plutôt difficile notamment à 3, 6 et 9 heures où la graduation des compteurs chevauche celle des minutes.Cependant, je trouve que cette surcharge donne un charme à ces montres. Heureusement qu'Omega, avec sa Speedmaster, rendra les cadrans plus lisibles en supprimant l'échelle tachymétrique du cadran et en la plaçant sur la lunette.

Les index des heures sont dorés et brillants. Ils ne sont pas appliqués mais sérigraphiés avec un aspect miroir très difficile de photographier.

Les aiguilles sont au nombre de 7 avec 3 couleurs différentes :- dorées en bâton, très simples, pour les heures et les minutes (atteignant la minuterie, Bruno appréciera)- en acier bleui pour les 3 compteurs et la trotteuse centrale- rouge pour l'index de la date rappelant un peu les aiguilles GMT

Le boîtier

Le boîtier, en acier, est de type 3 pièces avec une lunette et un fond clipsés sur une carrure.
Il n'y a aucun joints donc pas la moindre étanchéité à l'eau ou à la poussière, ce qui ne facilite pas l'usage quotidien de la montre.
C'est une montre d'assez petites dimensions compte tenu des standards actuels : diamètre hors couronne de 36mm, l'entrecorne est de 19mm. L'épaisseur de 14mm (due notamment au verre plexiglas) pourrait disproportionner la montre mais ce n'est pas le cas au poignet.

La Prexa comparée àquelques grands classiques du forum de LPDM.

A droite se trouvent les 2 poussoirs du chronographe avec classiquement à 2 heures départ-arrêt et à 4 heures remise à zéro. Il s'agit de poussoirs rectangulaires plutôt étroits (1mm). Il faut noter la dissymétrie des 2 poussoirs par rapport à la couronne, le poussoir de départ-arrêt étant légèrement plus proche de la couronne que le poussoir de remise à zéro. Cette particularité est commune aux chronographes équipés de mouvements de la famille du Valjoux 23 (72, 72c, 88).

Ceci permet d'ailleurs d'affirmer que les anciens chronographes Patek Philippe étaient basés sur une ébauche Valjoux.(photo TimeZone)

 

A gauche on trouve les 2 poussoirs correcteurs du calendrier :

- à 10 heures, le correcteur du jour de la semaine et du mois : une simple pression fait avancer d'un cran le disque du mois alors qu'une pression plus forte laisse entendre un deuxième " clic " correspondant au changement de jour. Ceci mérite une explication : sur le 72c, le changement du mois n'est pas automatique mais manuel. Ainsi si on porte la montre continuellement, il s'agit d'une opération fréquente (12 fois par an pour être précis) alors que la manipulation du jour de la semaine n'a théoriquement jamais lieu sauf après un arrêt de la montre.
- à 8h30, le correcteur du quantième, chaque pression faisant sauter le pointeur d'un cran.

La lunette et les cornes sont (ou plutôt étaient) polies alors que la tranche est finement brossée. La lunette, assez épaisse en raison du verre, a 3 pans.

Le fond clipsé est bombé avec simplement l'indication " SWISS " et le numéro de série.

Enfin lorsque l'on ouvre le fond, on constate que la face intérieure de ce dernier est bouchonnée. Cette finition était autrefois très fréquente, notamment sur les montres non étanches car les fines stries permettent de piéger les grains de poussière qui n'iront pas se coller à l'huile du mouvement.

 

Le mouvement

Le mouvement est le calibre Valjoux 72c basé sur le calibre 23 sur lequel est rajouté un compteur des heures (appelé alors 72) et un calendrier complet (d'où le rajout du c). Il existe aussi une version astronomique avec indication supplémentaire des phases de lune, le calibre 88.

Exemple d'un chrono contemporain Georges Gay équipé d'un ancien Valjoux 88 (Photos Ebay)

Cette famille de calibres à roue à colonne de bonne qualité a équipé de nombreux chronographes de marques suisses comme Rolex, Jaeger, Enicar, Ulysse Nardin et bien d'autres.
Le 72c possède 17 rubis avec un diamètre de 29,5mm. Il est fixé à la carrure à l'aide de 2 vis.

Une des particularités du Valjoux est la présence d'une remise à zéro directe. Habituellement, en appuyant sur le poussoir de remise à zéro, le marteau vient appuyer sur le cœur des compteurs et reste en place. Au démarrage du chrono, il faut donc relever ce marteau ce qui se traduit par un poussoir assez dur. Par contre avec la remise à zéro directe, le marteau revient dans sa position d'origine après avoir appuyé sur les cœurs grâce à un ressort. Ainsi, le poussoir de démarrage est très doux puisqu'il ne faut plus relever le marteau. Cette sensation se retrouve dans les chronos flyback actuels (Zénith 405 et Blancpain F185 notamment) dont le fonctionnement nécessite une remise à zéro directe.


Pour plus de détails et des schémas explicatifs, je vous invite à visiter ce site :
http://www.horlogerie-suisse.com/Complications/Chap11.htm#Le chronographe

Le compteur des minutes est de type semi-instantané avec saut de l'aiguille entre 58 et 60sec.

Concernant l'échappement, le balancier est monométallique à vis, Equipe d'un spiral Breguet bleui et monté sur un antichoc Incabloc. Il effectue 18000 alternances par heure.

Une raquette assure le réglage (plus ou moins) fin de la marche.

Le mouvement n'est pas particulièrement décoré. Les ponts sont anglés mais pas les pièces du chrono. On peut noter un fin brossage des ponts leur donnant un aspect brillant et un bouchonnage de la platine au niveau de l'échappement pour piéger les poussières.

Le changement de date et de jour n'est pas instantané mais s'étale entre 11h et 12h. Par contre le changement de mois est manuel contrairement à un Zénith 410.
Ce calibre est le concurrent direct (en version 88) de l'Universal 386 équipant les mythiques Tricompax. Il existe aussi un calibre équivalent mais sans roue à colonne chez Landeron caractérisé par l'absence un compteur des heures.
Ce mouvement est plutôt fiable mise à part la remise à zéro du compteur des heures qui n'est pas très précise mais je soupçonne un mauvais réglage lors de la révision.

J'ai cependant eu un problème récemment, le remontage se bloquant au bout de quelques tours. Après démontage, le problème a été diagnostiqué : la roue de rochet qui entraîne le ressort du barillet à perdu 3 dents et donc se bloquait.

Malheureusement les pièces détachées pour de tels calibres deviennent rares en France. Mais grâce à l'aide précieuse de Dominique Vervalle ( http://perso.wanadoo.fr/horlo.stock/ ) qui a pu rapidement me fournir cette pièce, tout est rentré dans l'ordre.

En conclusion, j'aime beaucoup ce " petit " chrono vintage. C'est probablement dû à son côté très chargé avec beaucoup d'indications même si la lisibilité est quelquefois délicate. J'aime aussi beaucoup le boîtier avec sa forme simple mais indémodable.

Ce type de chrono avec cette petite complication n'est pas très rare puisque de nombreuses marques ont pu se fournir chez Valjoux. Parmi les marques célèbres, on peut citer Heuer, Breguet, Baume et Mercier et surtout Rolex avec sa référence 6236 (mais il y en a eu d'autres) qui atteint des sommets dans les ventes aux enchères.

File written by Adobe Photoshop 4.0

Le seul gros défaut de cette montre est son manque d'étanchéité qui rend son utilisation quotidienne un peu risquée (mais la Rolex était trop chère donc j'ai dû me rabattre sur celle là …).
Je sais, j'ai été un peu long et je remercie ceux qui ont tenu jusqu'au bout…

Bertrand pour LPDM