Retour aux articles

Les soldes à Andorre !!!


écrit par ppl le 27 Juin 2002


Face à une sévère crise de CHI émergente, je pense que beaucoup comme moi sont tenaillés par ce cruel dilemme et en proie à ces sentiments contradictoires : la frustration d'une CHI inassouvie et la satisfaction d'une pulsion surmontée.

Autrement dit comment céder à sa passion sans compromettre son équilibre budgétaire et passer pour un égoïste aux yeux de ses proches et de son entourage ?

La lutte est dure mes frères, et pour illustrer ce combat quotidien j'éprouve un besoin quasi thérapeutique de vous confier le récit de 2 jours de tribulations qui m'ont gravement perturbés (un peu plus diront certains médisants).

Hier, j'avais à faire dans une grande ville de l'Ouest (dont je tairais le nom dès fois que des perfides·), comme le temps était clément, je m'engage à pied dans les ruelles et je passe incidemment (hé hé) devant quelques vitrines sympathiques (vous savez celles qu'on regarde souvent accroupi, le nez collé sur la vitre blindée parce qu'on ne voit pas bien les détails des pièces exposées, sous le regard agacé des passants qui font semblant d'être gênés et celui inquiet du vendeur qui se demande pourquoi ça fait 10 minutes que vous êtes en train de fixer sa précieuse marchandise, même que dès fois on repasse·), et la, au ras du trottoir, dans un coin au fond de la vitrine, mon regard averti s'immobilise sur un joli chrono El Primero que j'identifie comme un DeLuca (cadran blanc compteurs noirs) affiché à 2000 Euros.

Je me relève, évalue l'étendue de mon arthrite, je sonne et rentre dans la boutique climatisée, accueilli par une charmante dame qui me fais essayer l'objet repéré (convoité ?), je trouve la chose très belle (la montre!), discussion sur zénith et sa politique tarifaire (les requins!), je transpire (pas que à cause de la chaleur extérieure), je résiste et ressort sans le chrono, j'ai vaincu la CHI !

Soulagé je file à vive allure vers ma voiture mais sur mon chemin je passe (encore par hasard) devant une autre jolie vitrine, Oris, Eterna, Zénith.

Discussion avec le patron dont la gentillesse et la compétence n'a d'égal que son sens du commerce et qui après m'avoir montré la lettre contenant les directives de Zénith concernants les 35 % de hausse des prix me propose une transaction sur la base de l'ancien tarif.

Quelques échanges cordiaux plus tard, je repart avec le nouveau catalogue Zénith qui s'apparente plutôt à un ouvrage de luxe.

Retour maison, où je parle négligemment de la petite bricole que j'ai regardée un peu plus tôt, à mon épouse qui particulièrement compréhensive (fataliste ?) ne m'interdit rien mais me fait remarquer que " ce n'est peut être pas le moment " (vous savez la voix de la conscience !), c'est jamais le moment de la CHI !

A la fois résigné, fier d'avoir résisté à cet achat irraisonné et honteux d'avoir été victime d'une envie aussi frénétique, je me replonge les contingences quotidiennes, j'ai beau me convaincre que je suis fort, ce n'est qu'une rémission, la lutte continue·

Ce midi, les infos télévisées m'apprennent que les soldes ont commencées dans mon département, Argh !!!

Je sais bien que les montres haut de gamme sont rarement soldées (" mais monsieur, nous ne soldons pas des articles de cette qualité " m'avais un jours répondu avec un étonnement feint, une vendeuse à qui je posais niaisement la question), mais je saisi le prétexte pour partir faire un tour dans une autre grande ville de l'Ouest (dont je tairais le nom, dès fois que des malfaisants·parano ?), en m'assignant pour objectif de voir de plus près les Hamilton dont on commence à parler beaucoup sur le forum et que j'ai déjà repéré depuis longtemps, de surcroît nettement plus conformes à mes maigres moyens financiers que les El Primero et consorts.

Seulement une fois arrivé, je tombe en arrêt devant celle pour laquelle certains (présents sur ce forum) économisent sous par sous pendant des années, la briseuse de ménage, la pousse au suicide, j'ai nommé : la Sea Dweeler de la maison suisse bien connue que je ne citerais pas mais que chacun identifiera·(soit dit en passant pas si introuvable que ça).

Accueil courtois et feutré, je la passe au poignet (coq médium) et prend la mesure du mythe, c'est un beau morceau mais bon, à 26 000 f le bout (pas soldé !), je raisonne encore en francs.

Les paroles rassurantes du patron compréhensif et patient m'incite au calme et à la réflexion " si vous la voulez, prenez la tout de suite, un monsieur très intéressé doit repasser dans une heure " " On en a que deux par an " " ça part dans la journée "·

Les images se bousculent dans ma tête :

- Ma femme et mes enfants alignés façon Dalton, l'þil noir et réprobateur, médusés, lorsqu'après leurs avoir dévoilé la merveille, détaillé les qualités de la tocante façon revue de Chronomania et expliqué que ça fera partie de la réserve héréditaire, j'annonce qu'en contrepartie Center Parc c'est râpé pour cette année.

- La vente de la vieille BMW (moto), bradée pour une poignée d'Euros (non pas la BM !)

- La soupe aux cailloux·

C'en est trop, je me réveille et je me dégage pitoyablement de l'emprise hypnotique de la belle Rolo en avançant des arguments fallacieux, dérisoires, futiles, inutiles car le patron à déjà reconnu en moi un esprit supérieur, hermétique aux sirènes de cette société mercantile qui, piétinant l'acte d'achat utilitaire, prétend vous faire consommer sur une simple impulsion : " c'est une somme " " il faut que je mûrisse ma décision" " on peut en avoir sur commande "·

Abattu, je m'enfuis lâchement sans me retourner, retour maison encore une fois !

Tête de ma femme quand je lui parle du joujoux ! j'ai bien fait de ne pas craquer, sinon en plus de la Rolex c'était la pension alimentaire et la prestation compensatoire.

Conscient de ma responsabilité de chef de famille et pour ne pas obérer l'avenir de ma descendance, je lutte, mais c'est dur !

C'est pourquoi, afin de limiter les dépenses, j'ai décidé de descendre faire les soldes à Andorre où les prix sont selon des sources bien informées (dont on taira les noms), inférieurs de 30 % à ceux pratiqués ignoblement sur le territoire.

Appliquez moins 50 % en raison des soldes, ça fait une bonne base pour des négociations que j'entend mener âprement, puis à l'issue de celles ci, agiter ostensiblement une liasse d'argent liquide (conformément aux conseils éclairés des personnes qui se reconnaîtrons) pour obtenir encore un rabais.

Enfin, repartir avec 2 montres pour le prix d'une et 30 kilos de catalogues que je pourrais revendre sur Ebay pour rentabiliser cet onéreux trajet.

A cette fin, pour assurer la réussite de ce projet et faciliter les transactions, j'envisage de me faire accompagner de mes 3 enfants vêtus de leurs plus veilles guenilles, dont les yeux rougis par les larmes qu'ils auront abondamment versés en raison des conditions épouvantables du voyage dans la chaleur suffocante, et les traits émaciés par la semaine de jeûne que j'entend préalablement leur imposer me paraissent susceptibles d'influencer favorablement le vendeur.

Je me tâte également pour emmener une vieille tante souffrant d'une grave infirmité.

Pour limiter les frais de déplacement, je propose d'affréter un car et d'utiliser le forum pour recueillir les inscriptions des personnes intéressées (OK Alain ?).

Au retour, si on est arrêté par la douane volante, on passe à la télé !

Ca se soigne ? Cordialement : Pascal (qui économise sous par sous, qui vend sa vieille BM et tout ses appareils photos, qui arrête de fumer,·)

PS : 2000 Euros pour un DeLuca c'est correct ? On peut trouver mieux ? Il existe une revue ?

RE PS : Un jours je vous raconterais comment, sous un alibi pédagogique enfanté par mon cerveau malade, Chronomania est devenu partenaire de l'éducation nationale et à atterri dans les favoris de mes élèves du lycée ou comment un esprit perverti insinue sournoisement le virus de la "haute horlogerie" chez nos chères têtes blondes. (si des collègues sont intéressés, je peut fournir des précisions)


[ chronomania.net - le forum ] - [ chronomania.net - les articles ]


Retour aux articles