Bâle 2002, le compte-rendu - J1

Par Joël de Toulouse



 

Bâle 2002 : l'espoir renaît.
Autant le dire d'emblée, pour mon 10ème rendez-vous de Bâle c'est avec un certain pincement au coeur que j'ai franchis le hall d'entrée à l'architecture années 30 de la fameuse Messe Basel.
Dès les premiers pas je savais qu'immédiatement à gauche il n'y aurait pas le stand IWC et que de l'autre côté il n'y aurait ni Lange et ses platines 3/4 polies par de frêles (?) saxonnes, ni Jaeger et sa nième version surprise de Reverso complication. Et pour bien appuyer là où ça fait mal, en lieu et place des prestigieuses marques sus-citées on trouvait cette année Corum, Movado et Concord...
En plus, des conversations pré-salon m'avaient fait comprendre que de nombreux fabricants s'inquiétaient franchement de la main-mise du Swatch Group sur les mouvements et les parties réglantes et que fort probablement cela allait limiter la créativité de tous.
Mais je me consolais en me disant que cette année j'avais préparé mon séjour comme un pro avec rendez-vous nominatif et mail de confirmation, le tout au nom du premier site francophone d'horlogerie du monde libre, à savoir Chronomania !
Et bien j'avais tort de m'inquiéter : de la créativité j'en ai pris plein les mirettes et si j'ai vu des horlogers inquiets, c'est plutôt parcequ'ils n'arrivaient pas à livrer...
CHI à l'AHCI
La journée du samedi fut presque exclusivement consacrée à l'Association des Horlogers Créateurs Indépendants, en particulier grâce à Alex que j'ai retrouvé accompagné du premier vendeur de Breguet sur Paris, j'ai nommé l'illustrissime Clément. La visite de ce petit stand, qui doit faire le 1/10ème de celui de Concord, est en effet un tel ravissement et les discussions avec les Maîtres Horlogers tellement riches que c'est pratiquement sans s'en rendre compte que l'après-midi s'est écoulée pour se prolonger par un dîner mémorable sous les hauts plafonds lambrissés du Zafran Zunft Restaurant, près de la MarkPlatz.
Le Maître qui nous a le plus impréssionné est certainement Philippe Dufour

qui officie dans la Vallée de Joux. On le sait capable de produire toutes les pièces de ses montres, y compris les vis, et de s'attaquer aux complications les plus ardues. Mais c'est la simplicité qui nous a estomaqué cette année. Celle de l'homme d'abord qui nous a consacré des heures d'explications et de discussions, malgré une armada de journalistes nippons qui le filmait en permanence, et celle de sa montre éponyme : la Simplicity, chef d'oeuvre d'équilibre et de bien-facture que nous avons pourtant pu admirer dans sa

version "nue", polie mais sans aucune décoration de type perlage ou côte de Genève. De quoi impressionner même les horlogers de Glashutte qui, j'en conviens, ont toutefois d'autres impératifs en terme de quantité...
Admirée également un immense tourbillon central volant de Beat Haldimann de 16.5 mm de diamètre pourtant monté sur un mouvement de 31.5 mm.

Cette montre est d'ailleurs très mystérieuse : regardez de près les aiguilles. Pas de fixation au centre. Et l'ancre ? Vraiment pas banal. Et ce n'est pas la platine arrière, à la décoration épurée, qui peut nous aider à comprendre. Ni ma conversation avec Beat, malheureusement pour moi germanophone.
 
 

Autre fort jolie montre, saxonne celle-là, signée Lang & Heyne, à la remarquable finition, chatons vissés y compris pour l'ancre :



Ici une montre astrolabe comme sait les faire Van Der Klaaw :
 
 

Et là la montre 2 aiguilles qui donne la date lorsqu'on appuie sur un poussoir (l'une des deux aiguilles se déplace alors jusqu'à la date exacte en périphérie) d'Andréas Strehler :

Mais ce qui fut également intéressant avec Andreas, qui doit à son passé chez Renaud et Papi une solide expérience de créateur et d'industriel, ce sont les informations qu'il nous a donné concernant le Chronoscope de Chronoswiss.

On sait que la marque allemande fait fabriquer en Suisse ses mouvements, en particulier par Rochat, mais le Chronoscope est d'une toute autre complexité et il fallait en effet un expert tel qu'Andreas pour partir d'une base Enicar automatique des années 70, en faire un chronographe régulateur monopoussoir par la couronne et en assurer conception et industrialisation des premières séries. Je ne sais pas si le nom d'Andréas sera cité par Chronoswiss mais en tout cas les experts de Chronomania, eux, sauront !
Bien sûr nous n'avons pas manqué d'aller saluer notre ami Vincent Calabrese, à l'humour toujours aussi corrosif et cette année aux manches de chemise "spécial montre" !

Je suis allé aussi rendre visite à un membre de l'AHCI qui vole désormais de ses propres ailes : Bernhard Lederer. Et je ne m'attendais pas à être reçu aussi remarquablement par lui-même et son épouse, francophone alors que lui ne l'est pas, dans le cadre du stand de leur toute nouvelle marque : Blu.
Si les premières montres qui m'ont été présentées m'ont posé des problèmes de lisibilité malgré leur esthétique séduisante,

j'ai été impressionné par les modèles Quintett et Quartett aux aiguilles rétrogrades et aux complications discrètes et efficaces. Grâce à l'utilisation d'une base ETA, ces modèles nous sont promis à des prix abordables, entre 5000 et 7000 CHF pour les pièces acier.


La journée s'est terminée par un dîner avec les membres de l'AHCI où Vincent nous a donné sa version très personnelle du passé, du présent et du futur de l'horlogerie suisse !

On le voit ici encadré de fringants Chronomaniaques, avec Dominique Fritz et à sa droite Jean Kazes, le créateur de pendules à la poésie Caldérienne :

Le lendemain fut entièrement consacré aux nombreux rendez-vous que m'avait accordé de prestigieuses Maisons, en compagnie de mon ami Sèb de Zurich. Mais ceci est une autre histoire que je vous narrerai prochainement...
Joël

VERS LA DEUXIEME PARTIE